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31/10/2019

L’avenir s’assombrit pour les fonds en euros

A 1,6%, le taux moyen est pour la première fois inférieur à l’inflation. Aujourd’hui, suite aux nouvelles baisses de taux décrétées par les banques centrales qui installent les taux en terrain négatif, les assureurs tirent à nouveau la sonnette d’alarme, encouragés par l’exhortation de Bernard Delas, vice-président de l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (le gendarme de la profession), aux épargnants de « renoncer aux fonds en euro ». Le président de Generali s’est immédiatement exécuté. Jean Laurent Granier a annoncé son intention de fermer la souscription de certains de ses fonds en euros. Une première dans le monde de l’assurance vie qui a d’autant plus surpris que la collecte reste élevée : 19,4 milliards d’euros ont été investis entre janvier et août 2019 contre 16,5 milliards sur la même période de 2018 selon les chiffres de la Fédération Française des Sociétés d’Assurance (FFSA), dont 76% ont été placés sur des fonds en euros.

La décision du président de Generali, approuvée par beaucoup de ses confrères même si aucun n’avait osé franchir le pas, s’explique par la crainte de l’assureur de ne pouvoir garantir le capital investi par l’épargnant en cas de retraits massifs. La fermeture de fonds a pour but d’empêcher une trop grande dilution du rendement pour les montants déjà investis et donc limiter le désir de retraits.

Et ce n’est pas tout. Dans le même esprit – limiter les nouveaux versements -, Generali a décidé de les conditionner sur ses autres fonds en euros à la souscription en parallèle de 40% d’unités de compte (actions, obligations, immobilier…). Une démarche que d’autres compagnies pratiquent déjà. Apicil, par exemple, conditionne déjà l’accès à ses fonds à l’obligation d’investir au moins 30 % du versement sur les unités de compte. L’Afer et son assureur Aviva n’acceptent la souscription d’un contrat de plus de 100 000 euros que si 30% de l’épargne est investie en unités de compte.

Allianz a annoncé lui aussi un durcissement aves un versement de 50% minimum en unités de compte pour les investisseurs plaçant au moins 1 million d’euros (30% en dessous d’1 million).

Enfin pour décourager les souscriptions de fonds en euros, les assureurs pourraient s’attaquer à leur rémunération en décidant une baisse drastique du taux servi en janvier et les années suivantes. Jusqu’alors, la politique mise en place par les assureurs consistait plutôt à amortir le choc et donc à contenter leurs clients en puisant, pour certains, dans les réserves constituées pendant les années fastes. La baisse pourrait être plus importante qu’en 2019 : de l’ordre de 0,30 à 0,4O point selon Facts & Figures, ce qui abaisserait le rendement moyen à 1,40%.

Mais tous les assureurs (MACSF…) ou présidents d’association (Afer…) n’approuvent pas le procédé et n’entendent pas céder à la panique. La mutuelle Garance, qui a signé le meilleur taux en 2018 (3,10 %), se montre confiante sur sa capacité à maintenir une performance élevée. Surtout beaucoup estiment que c’est par la persuasion et non la contrainte qu’ils parviendront à orienter leurs clients vers les unités de compte (diminution des frais sur les UC comme au Crédit agricole, …).

Les esprits ne sont pas non plus préparés. « Malgré la hausse du cours des actions depuis le début de l’année, les ménages restent très averses aux risques et privilégient toujours les fonds euros » remarque Philippe Crevel, directeur du Cercle de l’Epargne.  Des fonds sur lesquels ils bénéficient de la garantie en capital et de la capitalisation des gains engrangés chaque année.  Les épargnants doutent aussi des motivations des assureurs. Ces derniers privilégient les unités de compte car elles sont moins gourmandes en fonds propres et parce qu’ainsi ils transfèrent le risque de l’assureur au souscripteur.

Reste que l’intérêt du fonds en euro décline et que l’épargnant peut trouver des meilleures performances pour son épargne sur d’autres supports.

L’assurance vie est à la croisée des chemins.