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07/05/2020

Coronabonds : définition & explications

Face à la crise économique du Covid19, les Etats de la zone euro se sont mobilisés pour soutenir leur économie, neuf états ont appelé à créer des « coronabonds » : des obligations émises par l’Union Européenne. Ainsi, après avoir laissé les Etats agir en ordre dispersé pour limiter les impacts économiques du Covid-19, l’Union européenne cherche à soutenir le système monétaire européen avec une action commune en empruntant plusieurs centaines de milliards d’euros sur les marchés financiers. Néanmoins, le projet divise l’Europe, certains états bataillent contre le projet de mutualisation des dettes européennes.

Chaque pays européen emprunte à un taux d’intérêt déterminé par sa santé économique. Cet emprunt se matérialise par l’émission d’obligations. Une obligation est un titre de dette à moyen ou long terme qui donne droit à un versement d’un intérêt annuel (coupon) et au remboursement du titre à l’échéance. Ainsi, ces titres s’échangent sur les marchés entre différents types d’investisseurs : publics, privées, assureurs, fonds de pension, etc.

L’idée d’un Coronabonds avait été initialement proposé par le chef du gouvernement italien, Giuseppe Conte, inquiet de la situation actuelle. Pour lui, aucun Etat membre ne sortira « indemne de ce tsunami économique et social » et l’absence de « réponse commune serait mortelle pour tous ». Soutenu ensuite par Christine Lagarde, la présidente de la Banque centrale européenne (BCE) avait demandé aux ministres des Finances de la zone euro d’envisager sérieusement cette possibilité. En effet, les Etats membres avec la dette la plus sûre comme l’Allemagne ou les Pays-Bas refusent historiquement de mutualiser le risque. L’Italie a un taux d’endettement très élevé et emprunte à des taux supérieurs à 1,69% alors que l’Allemagne, dont le taux d’endettement est plus faible, emprunte à un taux négatif. Une émission commune d’obligations supposerait pour les pays d’Europe du Nord de se porter financièrement garants pour les dépenses des pays d’Europe du sud. Bruxelles serait ainsi contraint de consacrer une partie de son budget au paiement des intérêts. Les plus gros contributeurs au budget européen sont justement ces pays d’Europe du Nord mais ils ne seront pas les premiers bénéficiaires des aides versées.

Le 23 avril dernier, les Vingt-Sept ont pour la première fois accepté le principe d’une émission commune. L’UE envisage ainsi la création d’un Fonds de reconstruction financé par émission de dette européenne et a chargé la Commission de faire des propositions pour le 6 mai sur sa concrétisation. Une telle émission devrait bénéficier d’un taux d’intérêt le plus bas possible, d’une garantie financière du bloc européen et d’une durée à long terme. Pour les préteurs, il pourrait s’agir d’un placement intéressant avec le versement régulier d’un coupon garanti.

De nouvelles questions se poseront à court terme :  quels sont les montants à émettre sur les coronabonds et comment injecter les fonds dans l’économie ? Ces questions divisent encore une fois les états pro-coronabonds et les autres (Allemagne, Pays-Bas, Autriche, Finlande, Suède, Danemark). Les premières propositions concerneraient la création d’un fonds de reconstruction à hauteur de mille et mille cinq cents milliards d’euros et financé par une dette perpétuelle, l’emprunteur ne paie que les intérêts sans rembourser la somme empruntée. Le président de la République, Emmanuel Macron, a estimé que le montant total pourrait correspondre à 5 à 10% du PIB de l’Union européenne, soit entre 800 et 1600 milliards d’euros. Les sommes collectées seraient ainsi apportées au fonds de reconstruction puis distribuées, deux options sont proposées : un prêt ou un transfert. Il serait fort probable que la Commission Européenne établisse une liste des secteurs qui pourront être éligibles aux fonds en fonction de leurs besoins et des projets. Logiquement, les compagnies aériennes et l’industrie automobile devraient être parmi les principaux bénéficiaires.