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Epargne
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03/04/2020

Comment se créer une retraite par capitalisation ?

42 % des français consultés souhaitent faire des placements pour préparer leur retraite (enquête Ipsos). La loi Pacte aura pour but de simplifier l’épargne retraite des français et ainsi les encourager à placer leur argent pour la retraite. Actuellement, la retraite fonctionne essentiellement dans un système par répartition : les pensions des retraités sont payées par les cotisations des générations d’actifs qui les suivent. Un système de retraite où les cotisations font l’objet de placements financiers et immobiliers est aujourd’hui encouragé, il s’agit alors d’un régime mixte. Pourquoi mettre en place un système par capitalisation ? Le taux de replacement net est estimé à 74% pour un salarié rémunéré au salaire moyen pendant toute une carrière, ce taux pourra baisser à 25% pour un cadre dirigeant en fin de carrière. Nous allons faire un tour d’horizon des différentes stratégies réformées par la Loi Pacte mais pas seulement, nous étudierons également les stratégies immobilières.

Avant tout, il est recommandé de réaliser un bilan retraite sur le site info-retraite.fr. Il s’agira d’estimer le montant total de la retraite et d’évaluer l’écart avec le dernier salaire. L’objectif sera de réduire cet écart en mettant en place une retraite par capitalisation. Comme indiqué dans notre article sur l’impact de la réforme retraite pour les salariés, ces derniers dont les revenus dépassent les 120 000 euros bruts annuels connaitront une baisse de leurs cotisations et par conséquent, une chute de leur pension de retraite.

1 – PER, nouveau produit retraite fiscalement avantageux

Depuis le 1er octobre 2019, il est possible de souscrire à un Plan épargne retraite à titre individuel ou via une entreprise et ainsi bénéficier des nouveaux avantages de ce placement. Le PER disposera de 3 compartiments comme suit :

  • Les sommes provenant des versements volontaires du titulaire
  • Les sommes provenant de l’épargne salariale (participation, intéressement, abondement de l’employeur) ainsi que les droits inscrits au compte épargne-temps (CET)
  • Les versements obligatoires du salarié ou de l’employeur

 

Les anciens produits d’épargne retraite (PERCO, Article 83, PERP et Madelin) pourront toujours être conservés ou transférés vers un nouveau PER et dans chaque compartiment spécifique.

 

L’intérêt immédiat des versements volontaires, repris de l’ancien dispositif PERP, est la déductibilité des versements volontaires des revenus de l’année en cours, une économie d’impôt pouvant atteindre 45% pourra ainsi être réalisée.

 

Pendant la durée de vie du contrat et avant la retraite, la gestion pilotée pourra être choisie pour la gestion de l’allocation, celle-ci évoluera en fonction de la proximité de l’épargnant de son départ à la retraite. Mais aussi, en fonction du profil de risque de l’épargnant et selon trois profils de risque différents déterminés par la proportion minimum d’actifs peu risqués dans un portefeuille.

 

Au moment du départ à la retraite, pour les versements volontaires et ceux qui sont issus de l’épargne salariale, il sera possible de sortir sous la forme d’un capital (en une seule fois ou de manière fractionnée) ou d’une rente viagère. L’intégralité du capital devrait être soumise au barème progressif de l’impôt sur le revenu. Les gains réalisés seront taxés à la flat tax de 30%. L’épargne issue de versement volontaires déductibles d’IR sortis sous forme de rente viagère est imposée à l’IR selon le régime des rente viagères à titre gratuit, c’est-à-dire avec un abattement de 10 %. Il n’y aura pas de changements pour la fiscalité des 2 autres compartiments.

2 – Assurance-vie, placement de choix pour préparer sa retraite

Placement préféré des français et couteau suisse de l’épargne, il est possible d’ouvrir un contrat d’assurance-vie. Ce placement n’aura pas uniquement pour but de préparer la retraite mais permettra de garder une épargne de précaution disponible à tout moment et de bénéficier d’une fiscalité attractive dans le cadre d’une succession. Le capital est ainsi reparti sur plusieurs supports : les fonds euros offre une garantie du capital, intéressante à l’approche de la retraite pour sécuriser ses revenus et des perspectives de gains grâce aux unités de compte. Ces derniers permettent une exposition aux marchés financiers et ainsi de faire fructifier le capital. Cette exposition dépendra de la date qui sépare du départ à la retraite. Plus cette date est éloignée, plus il peut être judicieux d’investir sur des fonds en actions, certes les plus risqués mais aussi les plus prometteurs sur le long terme. Puis, à mesure que sa retraite approche, il est préférable d’augmenter régulièrement la part réservée au fonds en euros, afin de préserver et de sécuriser son capital et ses gains. Au moment de la retraite, l’assuré aura la possibilité de choisir entre une sortie partielle en capital, totales en capital ou une sortie en rente. Les conséquences et la fiscalité sont à chaque fois différentes.

 

De façon générale pour les retraits en capital, seuls seront assujetties à l’impôt les sommes supérieures à l’abattement annuel de 4 600€ pour une personne seule et 9 200€ pour un couple.

 

Les retraits partiels sont échelonnés en fonction de besoin de trésorerie et pourront être programmés ou automatiques. Ainsi, chaque mois ou chaque trimestre, l’investisseur recevra sur son compte bancaire un virement de l’assureur, correspondant au montant du rachat choisi. Fiscalement, les retraits après huit ans sont imposés à hauteur des plus-values et intérêts au titre de l’Impôt sur le Revenu (IR) ou au Prélèvement Forfaitaire Libératoire (PFL) de 7,5 % (plus les prélèvements sociaux) pour les gains réalisés sur les versements effectués entre le 26 septembre 1997 et le 26 septembre 2017. Après cette date, il sera possible de choisir entre la taxation à l’IR ou celle au titre du Prélèvement Forfaitaire Unique de 30 % (prélèvements sociaux inclus).

 

La sortie unique en capital permettra de récupérer en une fois l’encours du contrat avec les mêmes modalités fiscales que les retraits partiels.

 

La sortie en rente permet de convertir le capital accumulé en rente, versée chaque mois ou chaque trimestre jusqu’au décès de l’assuré. Le montant de la rente dépend de la valeur du capital (valeur des versements et gains réalisés par l’assureur), de l’âge et de l’espérance de vie calculée selon les tables de mortalité réalisées par l’INSEE. La rente est soumise à l’impôt sur le revenu au taux marginal d’imposition, et retenue pour une fraction de son montant déterminé en fonction de l’âge d’entrée en jouissance (de 30 à 70%). Les gains sont uniquement soumis aux prélèvements sociaux.

3 – Plan d’épargne en action, optimiser les conditions de sortie à la retraite

Le plan d’épargne en action est un produit d’épargne permettant d’acquérir des actions d’entreprises françaises ou européennes tout en bénéficiant d’une fiscalité avantageuse. En cas de clôture ou de retraite après 5 années de détention, les plus-values et dividendes sont totalement exonérées d’impôt sur le revenu, seuls les prélèvements sociaux devront être payés. Autre bonne nouvelle, le Plan d’Epargne en Actions (PEA) permet de bénéficier d’une rente viagère entièrement exonérée d’impôt sur le revenu au bout de seulement 8 années de détention, en dehors des prélèvements sociaux.  Cette rente viagère sera versée chaque mois, trimestre ou année, à partir du départ en retraite jusqu’au décès du bénéficiaire. La condition sera un transfert du PEA bancaire auprès d’une compagnie d’assurance. Les prélèvements sociaux s’appliquent une première fois lors de la clôture du PEA avec un taux de 17,2% sur l’ensemble des gains nets. Par la suite, les prélèvements sociaux s’appliquent une seconde fois sur une fraction de la rente versée, évoluant en fonction de l’âge du bénéficiaire :

  • 17,2% sur 70% de la rente, soit un taux de 10,85% pour les personnes de moins de 50 ans
  • 17,2% sur 50% de la rente, soit un taux de 7,75% pour les personnes âgées de 50 à 59 ans
  • 17,2% sur 40% de la rente, soit un taux de 6,2% pour les personnes âgées de 60 à 69 ans
  • 17,2% sur 30% de la rente, soit un taux de 4,65% pour les personnes de plus de 69 ans

4 – Immobilier, capitaliser sur les revenus locatifs pour la retraite

En complément de sa résidence principale, un investisseur peut décider de se constituer du patrimoine immobilier. L’objectif est d’acheter un bien dans le neuf ou l’ancien et de bénéficier de l’effet de levier bancaire. Il s’agira d’augmenter la capacité d’investissement grâce à l’endettement bancaire. Le remboursement du crédit pourra se faire à partir des loyers perçus de la location du bien et si besoin, d’un effort d’épargne de l’investisseur. A terme, au moment de la retraite et en supposant que l’intégralité du crédit a été remboursé, l’investisseur pourra toucher l’intégralité des revenus fonciers nets et ainsi compléter les revenus de retraite. Le taux d’intérêt représente le cout de l’emprunt, la baisse observée favorise ainsi l’accès à un actif financier à bas cout, ci-après un comparatif des taux pratiqués entre 2009 et 2019 pour un emprunt de 200 000 € sur 25 ans. La chargée liée à l’emprunt a ainsi connu une baisse supérieure à 120 000€ pour un investisseur. La capacité d’endettement devra être étudier par votre conseiller et votre banquier pour établir un plan de financement adapté.

 

20092020
Taux5,1%1,2%
Mensualité1 181 €770 €
Coût du crédit154 258 €31 596 €

 

Il existe différentes stratégies d’acquisition en immobilier avec effet de levier : immobilier locatif, nue-propriété ou SCPI. La nue-propriété immobilière est peu connue par le grand public et est pourtant très efficace pour réaliser un achat immobilier neuf en toute sérénité.

 

En contrepartie d’une décote importante de 30% à 50% sur le prix d’achat, l’acquéreur nue-propriété cède temporairement l’usage de l’appartement à un professionnel usufruitier qui percevra les revenus et supportera les charges pendant une période de 15 à 20 ans. Pendant cette période, le nu-propriétaire n’aura aucune imposition, dépense imprévue ou risque locatif.

 

À l’issue de cette période, le nu-propriétaire devient pleinement propriétaire de son bien (nue-propriété + usufruit) sans aucun surcoût et pourra, au choix, vendre son bien ou le louer. C’est donc la solution idéale pour se constituer un complément de revenus à la retraite ou un patrimoine sans subir les aléas de la gestion locative.